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J'ai posé la question à quelques amies que je savais plus âgées que leur amant : « Cela vous dérange de sortir avec un homme plus jeune ? Comment gérez-vous votre relation par rapport à la famille, les amis, l'extérieur ?»
L'amant de Leslie est plus jeune que son propre fils. La différence d'âge lui a fait peur au début, même si lui l'assurait qu'il ne voyait pas le problème et préférait les femmes qui connaissaient déjà la Vie. Par contre, elle ne le voit que pour la bagatelle et n'a pas de vie sociale avec lui car elle sait qu'elle ne supporterait pas le regard des autres. De plus, son amant ne lui apporte pas de tendresse ni d'affection mais un épanouissement sexuel qu'elle ne pensait plus connaître. Elle se réjouit ne pas avoir à « remettre chaque fois la machine en route » comme avec un homme de son âge qui, tel une vieille locomotive, s’essouffle vite « et débarque les passager en cours de route ». Il lui manque l'affection qu'elle trouve auprès d'un homme de son âge que le sexe n'intéresse plus. Alors, elle cloisonne sa vie amoureuse et vogue dans une forme de bigamie épanouissante.
Carole, elle, qui approche de la retraite a gardé un physique de jeune femme et a toujours plu aux jeunes. Elle ne se sent pas couguar ni spécialement flattée d'être draguée par des « gamins » car la demande n'est jamais venue d'elle. Elle s'est fait une raison de ne jamais convenir aux hommes de sa génération. Elle a vécu en couple avec un homme qui avait quinze ans de moins et elle l'a quitté parce qu'il se comportait... comme un vieux. Depuis, elle vit les bons moments qui se présentent « chacun chez soi » sans s'inquiéter de l'âge de ses amants car elle ne veut plus s'engager. Ses parents ne l'ont jamais jugée, ses enfants adultes non plus. Elle aime les plus jeunes car ils ne tirent pas de « plan sur la comète », ils annoncent ce qu'ils attendent, ils vivent et profitent de la vie... comme elle. Elle dit que la maturité n'est pas une question d'âge mais de mentalité, de personne mais elle sait que ses envies sexuelles diminueront avec le temps, qu'elle aura moins de succès mais elle se veut philosophe.
Françoise a vécu une belle histoire de 27 ans avec son cadet de dix-huit ans et c'est lui qui vient de décéder. Pendant toutes ces années, elle a tremblé à l'idée que son chéri la quitte pour une plus jeune mais elle a accepté de lui faire un enfant à quarante ans. A présent, elle apprécie la chance qu'elle a eu d'être aimée par lui malgré leur grande différence d'âge et son nouvel ami a encore quelques années de moins.
L'amoureux de Leslie vient de fêter ses trente ans, elle ses quarante-cinq ans.Quand elle l'a rencontré, elle avait juste envie de galipettes. Lui aussi. Huit mois plus tard ils étaient toujours ensemble et il commençait à s'investir dans la relation, faisait des projets, pensait au futur alors, elle s'est autorisée à vraiment tomber amoureuse. Elle l'a présenté à ses amis et sa famille avec appréhension mais n'a pas connu de réactions négatives ; juste quelques commentaires grivois (« tu ne dois pas t'embêter! » ou « tu me le passes quand tu as fini ! ») et... des félicitations. Certains amis ont évoqué la différence d'âge (qui ne se voyait pas spécialement) mais comme les treize ans de différence (vers le haut) avec son ex mari n'avaient pas été un gage de sécurité et de plus grand bonheur, Leslie a préféré laisser faire la Vie. Elle ne veut rien maîtriser et vit « normalement ». Elle rit : « Quand on aime, on s'adapte, on arrondit les angles, je le fais, il le fait et nos efforts n'ont rien à faire avec notre différence d'âge. D'ailleurs, j'ai plus d'énergie que lui. En vacances, c'est lui qui fait la sieste et moi qui danse toute la nuit. »
Barbara, elle, n'a qu'une crainte quand elle voit l'âge des amies de son amant (dix ans plus jeune) : c'est que l'une d'entre elles arrive à lui faire comprendre qu'il perd son temps, qu'elle ne pourra pas lui donner d'enfant et qu'il ait envie d'être père un jour. Les critiques à peine masquées auxquelles elle est sensible en soirées, les groupies de son amoureux qui est très beau lui font un peu mal. Elle a appris à « son homme » à faire l'amour à une femme, à abandonner sa sexualité « vide-couilles » ; elle reconnaît qu'elle a un tempérament un peu directif qu'il apprécie. Avant, elle « se laissait faire », maintenant elle partage en harmonie.
Je connais Leslie, Carole, Françoise, Barbara et d'autres qui m'ont chacune livré un témoignage sensiblement pareil ; que des femmes équilibrées, pas du tout dans le challenge ni dans la recherche de la jeunesse à tout prix. Elles se contentent de vivre et de profiter du moment présent, des cadeaux que la Vie leur fait. Je connais leurs amoureux et je leur concède à tous l'amabilité d'avoir essayé d'être à la hauteur de leur chérie : avec le temps, certains ont accéléré le débit du sablier et la différence d'âge ne se voit plus. Des amoureux qui ne remarquent pas les rides, les petits kilos de trop, les vergetures.
Le pouvoir de l'Amour ?
Évidemment, tout n'est pas rose non-stop comme dans les couples traditionnels. Une génération (voire deux) et parfois la culture et la religion séparent les amoureux mais, à l'époque du Fast love et du Slow sex, quand l'éternité ne dépasse parfois pas un bail de trois ans, pourquoi la femme ne pourrait-elle pas briguer l'égalité sur le terrain de l'amour et de la sexualité ? Aimer qui elle veut ? La mode vient de la rue, ce n'est pas le Cinéma qui la fait.
Et sans vouloir nécessairement « briser des tabous » qui n'existent plus dans la vie réelle, oublions nos angoisses liées à l'âge, vivons le présent sans remords « aimons-nous vivants », ne mettons pas de règles mais développons le respect, les affinités, soyons des favorites royales de notre Amour Roi même si nous ne sommes pas célèbres. D'ailleurs, un proverbe n'affirme-t-il pas que « l'Amour n'a pas d'âge ni de barrières » ? Il ne doit pas davantage se montrer sexiste.
