Nous avions convoqué un mode désuet pour nous connaître, puis nous espérer, enfin nous désirer. Nous avions gardé le "vous" initial, comme un respect mais aussi une nostalgie des amours littéraires. Cette correspondance aurait pu durer des années mais nous ne sommes plus au 17ème siècle...
Nous nous vîmes, un soir, sur les quais de Seine. L'air était doux encore, il flottait comme une timidité, nos mains se frôlèrent. Plus loin, un groupe jouait de la musique. Instinctivement, je cherchai sa main, sa peau, elle se tourna vers moi, souriante et nos lèvres se cherchèrent, de ce premier baiser qu'on esquisse avant de l'oser vraiment. "Tout va si vite...", dit-elle, dans un souffle. Mais nous devions nous quitter.
Nous nous sommes revus quelques jours plus tard, impatients d'unir nos corps. L'amour avec elle est une redécouverte du plaisir. Nous nous regardons profondément au plus troublant de l'étreinte, pour ne rien perdre de notre liaison, dangereuse mais délicieuse. L'alcôve qui abrite nos étreintes est à deux pas de cet endroit où nous nous sommes embrassés la première fois. Nous nous y retrouvons encore - est-ce du romantisme ? En faisant l'amour, nous nous vouvoyons. C'est notre manière de rester hors du temps.